Les outils thérapeutiques

Quand un humain se sent mal dans sa peau, ou qu'il est mal installé dans la vie, c'est nécessairement qu'il n'a pas beneficié des conditions adéquates pour exister et se construire. Aujourd'hui, les avancées sur le soin psychique grâce aux études des différentes branches des sciences humaines ont permis de définir un grand nombre de paramètres qui définissent l'humain et ses besoins, les effets de certains contextes sur les humains et enfin le fonctionnement du cerveau lui-même.

La psychanalyse :

La psychanalyse fournit un grand nombre d'informations concernant le psychisme et notamment la notion d'inconscient. En effet, avant les découvertes de Freud, on ignorait que quelqu'un puisse revivre sans cesse des scènes du passé, dans sa réalité quotidienne, parce qu'il refoule un événement gênant pour sa conscience ou l'image qu'il se fait de lui ou de quelqu'un d'autre. L'objet refoulé peut parfois revenir et nous poursuivre chaque jour, jusque dans nos rêves, d'une façon plus ou moins déformée. Or sans la retrouvaille avec la réalité, l'objet refoulé continue de nous envahir comme un fantôme ! C'est pour cela que le psychanalyste demande au patient d'associer librement et sans censure pour tenter de retrouver les éléments refoulés. Pour ma part, je m'appuie sur la psychanalyse pour entendre ces éléments-là car ils permettent de guérir un grand nombre de symptômes et de réinscrire le sujet dans sa vie et sa réalité, de remettre de l'ordre à son histoire.

Cependant, personnellement, j'estime que ça ne permet pas de venir à bout de tous les symptômes... pour diverses raisons. D'une part, l'association libre est de l'ordre du langage or il est parfois impossible pour quelqu'un de se soumettre à cet exercice car il exerce sur sa pensée une trop grande maitrise ou alors parce que l'usage qu'il a pris l'habitude de faire de la parole, ne lui permet plus d'avoir accès à ses émotions et à son corps. Cela signifie qu'il est dissocié entre sa pensée et ses émotions, il faut donc déjà parvenir à travailler le lien entre les deux pour qu'il puisse retrouver son corps, il s'agit donc d'un travail de reliaison du corps, de l'émotion et de la pensée, plus que de celui du lien entre souvenirs et présent. Dans ces cas, qui ne sont pas rares, je travaille avec le théâtre, le jeu, l'implication du corps, voir même en collaboration avec d'autres professionnels (psychomotriciens, yoga, danse, théâtre.). Ces expériences permettent en effet de retrouver des sensations de calme, de joie, que l'on peut avoir oublié. On questionne ensuite comment un rapport à soi-même anxiogène et maltraitant a pu s'installer, mais cela arrive seulement dans un second temps ou en parallèle en fonction de ce que les personnes réussissent à questionner de leur rapport à eux-mêmes et au monde.

La psychologie développementale :

La psychologie développementale a permis d'interroger la progression du développement des aptitudes psychiques des humains : le développement de la capacité de penser, d'imaginer, de jouer, de se mettre en lien avec la réalité. le lien entre la pensée et les émotions, le développement et la constitution de la personnalité au regard des diverses étapes de sa maturation psychique etc. Il est donc plus facile aujourd'hui de faire un lien entre des symptômes et des traumatismes que l'on peut dater.
Exemple : il y a des choses qui doivent se mettre en place entre 0 et 6mois, or on peut souffrir de quelque chose à 50 ans, dont on souffre plus ou moins depuis toujours parce qu'elle n'a tout simplement pas pu s'installer quand nous étions bébé car notre environnement ne nous le permettait pas).

Les neurosciences :

Enfin, les apports des neurosciences et de toutes les études portant sur le fonctionnement du cerveau nous ont permis de commencer à intégrer des données que nous n'avions pas et de vérifier les effets d'un traitement thérapeutique. Pas exemple, des parties du cerveau qui n'étaient plus animées suite à une dépression (la fabrication de sérotonine par exemple, molécule qui permet de ressentir de la joie) n'était plus produite. Or, suite à sa prescription (qui doit être temporaire, juste pour relancer l'activité autonome de la production de sérotonine) et à la guérison de l'état dépressif par une psychothérapie, on constate que le cerveau se remet à produire de la sérotonine.

De plus, ces expériences permettent de voir que des situations environnementales extérieures ne favorisent pas le développement de certaines connexions neuronales alors que des expériences que l'on peut réintroduire en thérapie vont réussir à refrabriquer ces chemins neuronaux (par exemple, la capacité à s'identifier à l'autre. Enfin, cela nous permet de percevoir qu'en matière de psychisme comme pour le reste il existe des différences chez chacun (il y a des humains qui naissent avec des grandes oreilles ou avec un appareil digestif difficile et d'autres qui naissent avec un bagage génétique certainement plus propice que d'autres à ressentir des grandes quantités d'émotion ou pas et donc à être plus susceptible au traumatisme que d'autres.) et cela fera aussi le lit d'un plus ou moins bon engagement dans la vie et la relation aux autres.

Par exemple, l'hypersensibilité de certains bébés rend leur maternage plus difficile que d'autres, et ensuite c'est un cercle vicieux : un bébé qui ne se laisse pas facilement cajoler ne donne pas envie aux autres de le cajoler, fait se sentir un mauvais parent et suscite des attitudes ambivalentes, voir de rejet et de déception. du coup, la relation devient d'autant plus difficile et les capacités de relation à l'autre qui devaient s'installer à ce moment-là de la vie vont être mises à mal pour parfois la vie entière. d'où par exemple, une cause possible d'anxiété chronique, de manque de confiance en la vie et en la relation à l'autre...

La psychologie sociale, la philosophie, l'anthropologie et l'art participent aussi à m'aider à interroger constamment et inlassablement mon analyse ainsi que mes outils thérapeutiques.